Si, aujourd’hui, la plupart des conseils de merde sont plus embarrassants qu’autre chose, certains peuvent laisser des séquelles – la preuve avec ce petit tour de table de quelques potes.
L’éducation sexuelle connaît un boom sans précédent : le sujet du consentement, l’éthisation du porno, la démocratisation du kink et du polyamour… Des suppléments week-end du journal de vos parents aux TikToks de gens plus préoccupés par leur bien-être que par leur tableau de chasse, il y a de quoi (se ré)jouir.
Mais l’information n’a pas toujours été à portée de main : quand j’étais ado, au début des années 2000 (je viens d’avoir 35 ans, je vous évite le calcul), on ne pouvait pas juste faire une recherche Google pour répondre à nos questions. Alors on devait s’en remettre aux films, aux paroles de rap ou à nos potes (tout aussi peu expérimenté·es que nous) pour espérer devenir des bêtes de sexe : du fourrage de tarte rendu populaire par American Pie à la légende urbaine qui dit qu’il faut se laver la bite avec du bain de bouche avant l’acte, ça partait dans tous les sens. Et si, aujourd’hui, la plupart des conseils de merde sont plus embarrassants qu’autre chose, certains peuvent laisser des séquelles – la preuve avec ce petit tour de table de quelques potes.
Hendrik (29 ans) – « Entraîne-toi à la maison, le sexe anal ne te fera plus mal »
VICE : Dis-moi qu’on parle de sextoys…
Hendrik : Dans ce cas-ci, malheureusement non. La personne qui m’a partagé cette pépite de sagesse – mon premier partenaire – avait plutôt en tête quelque chose qu’on trouve dans un panier de fruits et légumes bio.
Oh non…
Et si. Je pense que c’était dit sur le ton de la rigolade, mais la vérité, c’est que même s’il s’agissait de sextoys, le fait de s’entraîner avec des plugs ou des godemichés ne va pas rendre la pénétration anale magiquement plus facile. Ça aide peut-être à s’habituer à la sensation, mais c’est pas comme si tu pouvais t’élargir l’anus à l’avance pour ne plus devoir le faire dans le feu de l’action.
T’as quand même essayé ?
Ouais, mais j’ai eu la présence d’esprit de le faire avec mes doigts plutôt qu’une courgette.
Si tu devais contrer ce conseil pourri avec un vrai bon conseil pour quelqu’un qui est intimidé par le fait de recevoir du sexe anal, qu’est-ce que tu dirais ?
Que c’est sur le moment-même qu’il faut vraiment prendre son temps et faire les choses bien : tu dois pouvoir te sentir confortable, à l’aise, avoir un bon lubrifiant… Y’a pas de solution miracle pour accélérer ou faciliter les choses, ne va pas te blesser en pensant avoir trouvé un hack.
Lucie* (36 ans) – « Les hommes ont des besoins, parfois il faut se forcer un peu »
VICE : Ah ouais, c’est un grand classique celui-là.
Lucie : Ouais, le fameux « devoir conjugal ». C’est cette idée que si tu ne satisfais pas ton homme quand il a envie, il ira voir ailleurs, et à raison. Le pire c’est que comme ma première vraie relation était assez toxique et que l’ex en question abusait vraiment de ça, c’est une idée qui s’est ancrée en moi très profondément. Pendant les dix ans qui ont suivi, quand j’étais avec un mec qui avait envie et moi pas, je me mettais à pleurer.
Tu te sentais coupable ?
Oui, terriblement. Je m’excusais de la situation, j’avais l’impression d’être la pire meuf, et d’être incapable de satisfaire mon copain. Je plaçais clairement son bien-être et ses besoins avant les miens. Même si c’est loin derrière moi, d’une certaine façon c’est quelque chose sur lequel je suis en travail constant. J’ai toujours fait passer les besoins de mes ex avant les miens et sur le long terme, ça n’apporte que de la rancœur.
Quelle a été la réaction de tes partenaires ?
La plupart étaient un peu ébahis, ils comprenaient pas vraiment pourquoi je me stressais tellement avec ça. Le plus souvent, leur réaction, c’était « non mais t’inquiète, ça va hein ». J’ai l’impression que cette notion de devoir conjugal, c’est quelque chose qu’on inculque vraiment chez les meufs, alors que les mecs sont pas (ou plus) spécialement éduqués à croire que leur meuf doit satisfaire tous leurs besoins, même quand elles n’en ont pas envie. Du coup, les filles nourrissent le truc en silence, emmagasinent des traumas de sexe non-consensuel, et parfois leurs partenaires ne s’en rendent même pas compte.
« La pièce est tombée il y a quelques années, quand la parole s’est libérée et qu’on a commencé à parler de viol conjugal. »
Qu’est-ce qui t’a fait réaliser qu’on t’avait mal conseillée ?
La pièce est tombée il y a quelques années, quand la parole s’est libérée et qu’on a commencé à parler de viol conjugal. Ça a été une claque très violente, je me suis rendu compte que c’est ce que j’avais vécu durant toute ma première relation, et qu’à mes yeux, ce conseil de merde légitimait la violence de mon ex à mon égard.