Un véritable casse-tête pour la science ! Après une grave blessure à la tête durant la Première Guerre mondiale, Paul Kern ne retrouva jamais le sommeil.
Cette histoire semble incroyable, mais elle est vraie. Paul Kern, un Hongrois, a vécu les quarante dernières années de sa vie sans dormir. Son insomnie trouve son origine pendant la Première Guerre mondiale. En juin 1915, alors âgé de 19 ans, Paul Kern commande un régiment de hussards hongrois pour combattre l’armée impériale du Tsar Nicolas II sur le front de l’Est. Au cours d’une bataille, il est grièvement blessé par une balle à la tête.
Un Sommeil Qui Ne Revint Jamais
Transféré dans un hôpital militaire, Paul Kern subit une opération cérébrale pour extraire la balle et reste trois semaines dans le coma. Miraculeusement, il se réveille sans séquelles apparentes, sauf des maux de tête et des migraines. Cependant, il découvre qu’il ne peut plus dormir, comme il le raconte à l’époque : “Il me semblait naturel de ne pas dormir pendant les trois ou quatre jours suivant mon réveil.”
Mais les jours deviennent des semaines. Paul Kern est alors envoyé dans une station thermale pour recevoir des soins. “Les douleurs et les crampes disparurent après quelques semaines, mais le sommeil ne revint jamais…”, se souvient-il. Après la guerre, il reprend son poste de fonctionnaire au ministère des Pensions, mais il ne dormira plus jamais.
Une Vie Profondément Changée
Sa vie devient un véritable enfer. “J’ai des douleurs aiguës dans les bras et les jambes, je confonds les mots, les expressions et des larmes coulent de mes yeux. Alors je m’allonge sur un lit et je mets une paire de lunettes noires. Il faut que mes yeux se reposent, mais je ne peux pas les fermer car cela me rend très nerveux”, confie Paul Kern à L’Excelsior en 1933, récit repris par Stéphane Bern sur Europe 1. “Je dois faire un effort de volonté immense pour reposer mon cerveau”, ajoute-t-il cinq ans plus tard dans Paris-Soir.
Son insomnie a également un impact considérable sur sa vie privée. Sa femme finit par le quitter, “terriblement gênée par la publication fréquente de [s]a photographie dans des revues médicales”, raconte le malheureux Hongrois. Les scientifiques affluent pour tenter de percer le mystère de cet homme qui ne peut plus dormir. Pourtant, en 1955, après quarante ans sans sommeil, Paul Kern trouve enfin le repos éternel, emportant avec lui ses secrets.