L’utilisation de crèmes et d’injections de blanchiment de la peau est devenue de plus en plus populaire parmi les femmes d’Afrique de l’Ouest, qui aspirent à éclaircir leur teint pour paraître aussi blanches que les Européennes. Dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest, un teint plus clair est associé à un statut plus élevé, à des privilèges et à la beauté.
Selon un rapport récent, la valeur du marché mondial des traitements de blanchiment devrait passer de 10 milliards de dollars en 2021 à 16 milliards de dollars en 2030. Selon certaines estimations, 70 % des femmes utilisent des crèmes éclaircissantes dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest. Toutefois, les autorités s’inquiètent d’une forte augmentation des cancers de la peau, car ces produits s’attaquent à la mélanine, qui protège naturellement la peau.
Dans un rapport de l’AFP, des dizaines de pages de médias sociaux au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Niger et au Sénégal annoncent un « blanchiment uniforme » grâce à diverses crèmes ou injections. Une influenceuse ivoirienne de YouTube, victime de la promesse louche d’injections blanchissantes, a raconté son expérience en disant qu’elle avait attendu 10 jours en vain pour voir des résultats. « Il est clair que je me suis fait arnaquer », a-t-elle déclaré à l’AFP.
L’analyse en laboratoire d’un des nombreux produits vendus en Côte d’Ivoire a montré qu’il ne contenait aucun agent blanchissant. Beaucoup de ces produits ne sont pas réglementés et contiennent des substances chimiques dangereuses comme les acides alpha hydroxylés (AHA), un type de composé corrosif utilisé dans les peelings chimiques.
Le Dr Sarah Kourouma, dermatologue au CHU de Treichville en Côte d’Ivoire, a révélé que certaines de ces piqûres contiennent de puissants anti-inflammatoires. « Compte tenu de leurs effets secondaires, nous supposons qu’il s’agit de stéroïdes », a-t-elle déclaré à l’AFP, ajoutant qu’une utilisation prolongée à fortes doses peut entraîner une dépigmentation, du diabète et de l’hypertension.
Le Dr Grace Nkoro, dermatologue à l’hôpital gynéco-obstétrique du Cameroun, reconnaît que la popularité croissante de ces injections est une tendance inquiétante, affirmant qu’elle a vu plusieurs patients développer des problèmes de peau et même une insuffisance rénale après avoir « acheté ces injections sur l’internet ».