Tensions entre le Bénin et le Niger : arrestation de cinq Nigériens au port de Sèmè
Les relations déjà tendues entre Niamey et Porto-Novo ont été exacerbées par l’arrestation de cinq Nigériens au port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Ces individus ont été interpellés après “s’être introduits sur le site sans décliner leur identité”, selon le procureur spécial auprès de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme du Bénin.
La construction de l’oléoduc entre le Niger et le Bénin, géré par la société chinoise Wapco, a débuté en octobre 2022. Depuis le coup d’État militaire au Niger en juillet 2023, qui a destitué le président élu Mohamed Bazoum, les relations entre les deux pays se sont détériorées. La fermeture de leur frontière commune et les opérations de chargement du pétrole nigérien dans les eaux béninoises au port de Sèmè-Kpodji via l’oléoduc sont des points de tension majeurs.
Les autorités nigériennes refusent d’ouvrir leur frontière avec le Bénin, tandis que Porto-Novo a longtemps conditionné le chargement du pétrole nigérien dans ses eaux à cette ouverture.
“Pour justifier leur intrusion sur le site, les individus ont déclaré être des employés de Wapco-Niger, arborant leurs badges,” a précisé le procureur béninois Elonm Mario Metonou dans un communiqué du 6 juin. “Au moins deux d’entre eux sont des agents nigériens au service du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, régime militaire), qui ont fabriqué de faux badges d’employés de Wapco-Niger,” a-t-il ajouté. Les investigations se poursuivent.
Les ministres nigériens de la Justice et du Pétrole ont confirmé les arrestations, précisant qu’il s’agissait de la “directrice générale adjointe de Wapco”, Ibra Hadiza, et de “quatre ingénieurs en mission de supervision”. Le ministre nigérien du Pétrole, Mahamane Moustapha Barké, a accusé le Bénin de “violation des accords” concernant le transport du pétrole brut du Niger via le port béninois. Selon lui, ces accords stipulent que les opérations de chargement doivent se dérouler en présence des trois parties : béninoise, nigérienne et chinoise.
Le ministre Barké a dénoncé la décision du Bénin d’empêcher la partie nigérienne d’accéder aux installations : “Nous ne pouvons pas accepter que ces chargements aient lieu dans ces conditions,” a-t-il déclaré.
Le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire au pouvoir au Niger, a ordonné l’arrêt de la station de pompage de Koulélé dans le nord-est nigérien si les membres de l’équipe n’étaient pas libérés.
AFP