Déborah Gnagne interpellée au Bénin : une affaire complexe entre business et justice
Le 14 octobre 2024, Déborah Gnagne, Directrice Générale de Dayo Group, a été arrêtée à l’aéroport de Cotonou à son retour d’une mission à Abidjan. Cette interpellation par la Brigade économique et financière (BEF) du Bénin a suscité de nombreuses interrogations dans les milieux d’affaires, en raison de la nature des accusations portées contre elle et des circonstances entourant l’affaire.
Une plainte d’ASK Gras Savoye à l’origine du litige
L’arrestation de Mme Gnagne est liée à une plainte déposée par son ancien employeur, ASK Gras Savoye, une société de courtage en assurance concurrente de Dayo Group. La plainte porte sur des accusations de débauchage de personnel et d’utilisation de ressources internes de Gras Savoye par Dayo Group pour ses opérations. Selon les documents disponibles, 13 employés auraient quitté ASK pour rejoindre Dayo, dont 9 en fin de contrat à durée déterminée (CDD), et 3 en contrat à durée indéterminée (CDI) ayant démissionné dans les règles légales.
De la justice commerciale au pénal
Alors que la plainte initiale avait été déposée devant le tribunal de commerce de Cotonou, l’affaire n’a pas progressé rapidement. Face à cette lenteur, ASK Gras Savoye a décidé de saisir le pénal, ce qui a conduit à l’interpellation de Déborah Gnagne. Les employés de Dayo Group affirment que l’entreprise n’a pas utilisé les ressources de son ancien employeur, et que les employés concernés ont rejoint la nouvelle structure de leur plein gré.
Une perquisition et des auditions en cours
Suite à l’arrestation, la BEF a perquisitionné les bureaux de Dayo Group, confisquant les téléphones des employés et convoquant l’ensemble du personnel pour des auditions prévues le 21 octobre 2024. La directrice adjointe de Dayo Group, ainsi que Me Moustapha Sèmiyou Deen, étaient présents lors de la perquisition, témoignant de la complexité de l’affaire et du climat tendu entre les parties impliquées.
Une arrestation controversée dans un climat d’affaires fragilisé
L’interpellation de Déborah Gnagne soulève des interrogations sur l’usage du droit pénal dans une affaire qui aurait pu être réglée par voie commerciale. Des observateurs dénoncent une tentative d’intimidation et s’inquiètent de l’impact de cette affaire sur le climat des affaires au Bénin, un pays qui s’efforce d’attirer les investisseurs avec des réformes économiques ambitieuses.
Malgré ces tensions, Dayo Group continue son expansion. L’entreprise a récemment pris le contrôle de Consass au Burkina Faso, portant à trois le nombre de ses filiales, avec une présence au Bénin, en Guinée, et désormais au Burkina Faso.
En conclusion
Alors que l’affaire se poursuit et que Déborah Gnagne pourrait être présentée devant le Procureur spécial de la CRIET (Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme), l’issue du dossier reste incertaine. Il s’agit d’un cas révélateur des défis que peuvent rencontrer les entreprises dans des marchés concurrentiels où les enjeux économiques et juridiques se croisent.