Baradine Berdeï Targuio, président de l’Organisation tchadienne des droits humains (OTDH) et fervent opposant aux régimes Déby père et fils, a été arrêté et est détenu par l’ANSE, les services de renseignement tchadiens, selon son avocat et sa famille.
Me Alain Kagonbe a déclaré à l’AFP que son client était détenu dans les locaux de l’ANSE sans qu’il n’ait « aucune idée sur le mobile de sa séquestration ». L’arrestation a été confirmée par un frère de M. Berdeï Targuio.
Cette détention intervient dans un contexte politique tendu, quelques jours après le décès de Yaya Dillo, principal rival du chef de la junte au Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno. M. Dillo a été tué lors de l’assaut par l’armée du siège de son parti.
Des messages audios attribués à M. Berdeï Targuio appelant à venger la mort de Yaya Dillo ont ensuite circulé dans la communauté Zaghawa, dont il est membre.
M. Berdeï Targuio n’en est pas à sa première arrestation. Il a déjà été emprisonné à plusieurs reprises ces dernières années, notamment sous le régime de Déby père et sous la junte actuelle.
En 2020, il a été condamné à un an et demi de prison pour « atteinte à l’ordre constitutionnel » avant d’être gracié par le général Déby. En décembre 2022, il a de nouveau été arrêté et accusé de « tentative de coup d’Etat ». Il a été condamné à 20 ans de prison avant d’être gracié une deuxième fois en juin 2023.
L’arrestation de M. Berdeï Targuio intervient alors que le général Déby se prépare à briguer un second mandat lors de l’élection présidentielle prévue dans deux mois. Le général Déby est largement considéré comme le favori du scrutin, en l’absence d’une opposition crédible.
Cependant, sa légitimité au sein même de la famille Déby et de son ethnie zaghawa est contestée, selon des experts de la région et des diplomates.
L’arrestation de M. Berdeï Targuio est un nouveau signe de la répression contre l’opposition et les voix critiques au Tchad.