La menace terroriste plane plus que jamais sur le Burkina Faso. Face à l’urgence, le gouvernement vient d’annoncer des prélèvements de plusieurs centaines de milliards de francs CFA sur les salaires des fonctionnaires et des travailleurs du public et du privé.
L’objectif est clair. Il s’agit de renflouer le Fonds de Soutien au Patriotisme (FSP) qui finance directement les opérations militaires contre les groupes djihadistes.
Concrètement, 1% sera prélevé sur le salaire net de l’ensemble des travailleurs burkinabè. Ce taux monte à 5% pour les membres du gouvernement, et jusqu’à 25% sur les différentes primes et indemnités versées aux agents de l’Etat.
Un effort citoyen indispensable
Si ces ponctions peuvent sembler significatives au premier abord, elles s’avèrent indispensables pour mener à bien le combat difficile contre les hordes terroristes. Un combat qui nécessite des moyens colossaux, aussi bien en équipements militaires qu’en ressources humaines sur le terrain.
La branche exécutive a d’ailleurs tenu à saluer « l’esprit de patriotisme et le sens du devoir » des Burkinabè, qui consentent ainsi à un effort financier destiné à sécuriser les villes et les campagnes du pays. Quitte à rogner quelque peu sur leur pouvoir d’achat.
Ces contributions citoyennes doivent en effet permettre de donner un second souffle aux forces de sécurité intérieure, ainsi qu’à la nouvelle Brigade Spéciale d’Intervention Rapide créée en début d’année pour intensifier la traque des terroristes sur le sol national.
Vers une armée réorganisée et mieux équipée
Grâce aux moyens débloqués, 2024 devrait être une année charnière dans la montée en puissance de l’armée burkinabè. Au programme : réorganisation des bataillons, relocalisation stratégique, nouveaux équipements lourds et augmentation de la puissance de feu. Un plan massif de modernisation qui commence déjà à porter ses fruits, comme en témoignent les récentes victoires tactiques sur le terrain.
Reste désormais à transformer l’essai, et à profiter de ce second souffle militaire pour sécuriser les zones instables, permettant ainsi le retour progressif des dizaines de milliers de déplacés internes. Tel est en tout cas l’objectif affiché par le gouvernement pour 2024.
Un durcissement tant stratégique que budgétaire
Et même si la route est encore longue, ce durcissement tant stratégique que budgétaire prouve que le Burkina Faso ne compte pas subir indéfiniment la violence des factions extrémistes. Au prix de certains sacrifices inéluctables.
Analyse
La décision du gouvernement burkinabè de prélever des fonds sur les salaires des travailleurs du pays pour financer la lutte contre le terrorisme est un signe clair de la gravité de la situation. Le pays est en proie à une insurrection djihadiste depuis 2015, qui a fait des milliers de morts et de déplacés.
Ces prélèvements, qui s’élèveront à plusieurs centaines de milliards de francs CFA, devraient permettre de renforcer les capacités militaires du pays. Ils constituent un effort important de la part de la population, qui devra toutefois être compensé par des mesures visant à soutenir le pouvoir d’achat des travailleurs.
La réussite de cette opération dépendra de la capacité des autorités à mener à bien leur plan de modernisation de l’armée et à sécuriser les zones instables. Si elles parviennent à leurs objectifs, les prélèvements sur les salaires pourraient contribuer à mettre fin à la menace terroriste au Burkina Faso.