(Agence Ecofin) – En 2013, la centrale de Kribi est devenue la première de la région à fonctionner au gaz naturel, marquant également son statut de premier producteur indépendant d’électricité au Cameroun.
Lors d’une visite de travail sur le chantier du barrage hydroélectrique de Nachtigal ce jeudi 19 septembre 2024, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a abordé les récents délestages touchant particulièrement les grandes métropoles du Cameroun, Yaoundé et Douala. Il a expliqué que ces interruptions de service sont dues à des contraintes de production, notamment l’arrêt de la centrale à gaz de Kribi située dans la région du Sud.
« Il y a beaucoup de contingences. La contrainte était d’abord au niveau de la production. Par exemple, la centrale à gaz de Kribi est en arrêt à cause des différends qu’il y a entre Eneo et l’entreprise de production [Globeleq, Ndlr] du fait des retards dans le paiement des factures d’énergie. Le secteur est délesté d’au moins 20 % de ses capacités de production. Ceci pourrait être à l’origine d’un certain nombre de désagréments pour les populations », a déclaré le ministre face à la presse.
La centrale à gaz de Kribi, d’une capacité de 216 MW (pour une capacité installée de 1 229 MW), est essentielle au système électrique du pays. Avec la centrale à fioul lourd de Dibamba (88 MW), ces deux installations, contrôlées à 56 % par le producteur indépendant d’électricité Globeleq (contre 44 % pour l’État), fournissent 20 % de l’approvisionnement électrique national.
Dans un communiqué du 14 mai dernier, Globeleq a indiqué qu’Eneo lui devait plus de 100 milliards Fcfa (170,1 millions $) d’arriérés, un problème qui avait déjà conduit à l’arrêt de ses centrales en novembre et décembre 2023. Bien que l’entreprise ait relancé « exceptionnellement » ses centrales après un engagement de paiement de 30 milliards Fcfa par le gouvernement, le 20 décembre 2023, la situation reste tendue.
Eneo, distributeur exclusif d’électricité au Cameroun, fait face à ses propres défis financiers, revendiquant plus de 200 milliards de FCFA auprès de l’État et des entités publiques. « La situation s’est empirée. La dette des entités publiques envers Eneo a presque doublé, passant de 167 milliards au 31 décembre 2022 à 266 milliards de FCFA au 31 décembre 2023 », a déclaré Amine Homman Ludiye, directeur général d’Eneo, dans une interview à Investir au Cameroun. Il a affirmé qu’avec les investissements réalisés, le facteur limitant n’est plus la production, mais plutôt le transport et la distribution, des secteurs nécessitant des investissements importants.
Malgré ces défis, Gaston Eloundou Essomba a exprimé un certain optimisme, affirmant que les efforts pour augmenter la production énergétique permettront de « réduire de manière substantielle » les désagréments que les populations rencontrent en raison du déficit de production et des infrastructures de transport inadéquates. La mise en service du troisième groupe du barrage de Nachtigal, qui injecte désormais 180 MW (sur les 420 MW prévus) dans le réseau interconnecté sud (RIS), est un pas dans cette direction, a-t-il dit.
Selon lui, l’étape suivante consiste à garantir la disponibilité des infrastructures de transport. « Nous allons continuer notre visite sur le corridor des lignes de transport jusqu’à Douala pour être sûrs qu’il y a une synchronisation en termes de calendrier, pour pouvoir évacuer en temps réel l’énergie produite à Nachtigal », a annoncé le membre du gouvernement.
P.N.N
Agence ecofin