Les gens changent parfois d’avis sur ce qu’ils attendent de la non-monogamie – et c’est tout à fait normal.
« Oh, on a une relation assez ouverte », m’a dit ma pote la semaine dernière alors qu’elle décollait sa bouche du visage d’un homme qui n’était absolument pas son mec. « Je peux coucher avec qui je veux ».
Si la relation ouverte est un concept qui existe depuis l’apparition du désir sexuel chez l’être humain, il semblerait qu’aujourd’hui, tout le monde baise un peu avec tout le monde. Au moins la moitié de mes amies casées me textotent depuis la banquette arrière d’un taxi qui les ramène à la maison, elles et leurs mecs, après avoir vécu chacun·e des aventures de leur côté. Je vous mets également au défi d’utiliser Hinge ou Fruitz pendant 20 minutes sans tomber sur au moins cinq types dont la bio indique « relation ouverte à la recherche d’un peu de fun ».
Au sein d’un couple, la non-monogamie peut certes s’envisager de différentes manières – du polyamour à l’anarchie relationnelle –, mais la relation ouverte est l’une des plus courantes. Il s’agit généralement d’un couple où chaque membre considère l’autre comme l’unique partenaire émotionnel·le, mais où chacun·e peut aller batifoler à côté. Les règles diffèrent d’un couple à l’autre : certains ne veulent même pas connaître le prénom des partenaires de leur conjoint·e, tandis que d’autres peuvent se programmer des dates extra-conjugaux le même soir, voire partager des partenaires dans certains cas.
Cependant, rien n’est éternel. Il arrive que les gens changent d’avis sur ce qu’ils attendent d’une relation. Parfois, l’un·e des membres du couple (ou les deux) veut revenir sur ce statut non monogame – et il n’y a pas de mal à ça.
« Mettre fin à une relation ouverte peut sembler intimidant, surtout s’il est clair que votre partenaire apprécie cette ouverture », explique Jessica Alderson, cofondatrice et experte en relations chez So Syncd, une application de rencontres qui met en relation des personnes en fonction de leur type de personnalité. « Mais il est tout à fait raisonnable de décider que ce n’est pas la voie qui vous convient. »
« Les situations changent et nos besoins évoluent. Il est impossible de savoir exactement comment on va réagir à quelque chose de nouveau avant de l’avoir essayé – il est donc important de ne pas se sentir coupable de changer d’avis. »
Mais comment mettre fin à votre relation ouverte si d’un coup, ça ne vous botte plus trop ? Comme toujours dans toute relation : communiquer, communiquer, communiquer.
« L’un des meilleurs moyens de réajuster les frontières d’une relation non monogame est d’avoir une conversation ouverte avec votre partenaire », explique Callisto Adams, experte en relations sur le site de conseils en rencontres HeTexted.com.
« Faites savoir à votre partenaire ce que vous ressentez et comment vous voyez les choses, sans l’accuser ni lui demander de changer de comportement. Au contraire, abordez cette conversation dans un esprit de partenariat et avec le sentiment que vous êtes là pour résoudre ces problèmes ensemble ».
Adams suggère d’utiliser une variante de cette formulation : « Je remarque que tu apprécies beaucoup plus que moi le fait qu’on soit ouvert·es, et je comprends – profiter de cette ouverture est l’un des points les plus évidents d’une relation ouverte. Cependant, tu comptes pour moi, tout comme ta présence dans ma vie, et si j’ai envie de t’en parler, c’est parce que je ne suis pas/plus trop à l’aise avec ça. »
Évidemment, il faudra reformuler cette tirade pour qu’elle paraisse plus naturelle. Mais vous saurez vous débrouiller : vous avez normalement déjà eu ce genre de conversation avec votre moitié. Ah oui ? Oui ! Repensez à celle qui a mené à la décision d’ouvrir votre relation : « Ça ne me convient plus, est-ce qu’on pourrait changer de modèle et tenter de s’adapter ensemble ? »
N’hésitez pas non plus à dire clairement ce que vous voulez. « Sans tourner autour du pot, exprimez votre désir de revenir à une relation monogame, pour qu’il n’y ait aucune confusion possible, souligne Alderson. Vous seriez surpris·e de voir le nombre de personnes qui évitent de dire exactement ce qu’elles veulent dans ce domaine. »
Supposons donc que vous ayez franchi le pas et fait savoir à votre partenaire que vous vouliez mettre un terme à votre relation ouverte. L’étape suivante consiste à « écouter activement sa réponse et toute question qu’il ou elle pourrait avoir », ajoute Alderson. « Il se peut que l’autre ait besoin de temps pour assimiler l’information et déterminer son ressenti face à la situation. Si c’est le cas, ne lui mettez pas la pression pour qu’il ou elle réponde immédiatement. L’autre personne ne doit pas se sentir obligée de décider quoi faire dans l’instant ».
Il est évidemment possible que votre partenaire aime trop cette liberté pour y renoncer. Cela vous semblera sans doute injuste et déchirant, mais si c’est le cas – et que la relation ouverte ne vous rend pas heureux·se – il est peut-être préférable d’aller trouver votre bonheur ailleurs.