Le tribunal de grande instance de Dakar a condamné le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla à une amende de 50 000 francs CFA (environ 80 euros) pour séjour irrégulier. M. Sylla, qui critique régulièrement la junte au pouvoir à Conakry, risque d’être expulsé vers la Guinée, où il craint d’être persécuté.
Son avocat, Maître Amadou Aly Kane, conteste la condamnation, arguant qu’elle viole les dispositions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Selon lui, M. Sylla est un réfugié politique et ne peut être expulsé vers un pays où sa vie est en danger.
“Il n’existe aucune loi sénégalaise qui autorise une condamnation pour séjour irrégulier pour un ressortissant de la Cédéao,” a déclaré Maître Kane lors d’un entretien téléphonique avec Emma Larbi de la rédaction Afrique. “Mon client est un réfugié politique qui fuit les persécutions dans son pays. Le principe est qu’on ne peut pas renvoyer quelqu’un dans un pays où sa vie est en danger.”
Maître Kane a également dénoncé le risque de représailles encouru par M. Sylla s’il est renvoyé en Guinée. “Le régime guinéen est connu pour ses violations des droits humains,” a-t-il déclaré. “Mon client craint pour sa sécurité et sa vie s’il est renvoyé dans son pays.”
L’avocat appelle les autorités sénégalaises à respecter les lois de la Cédéao et les conventions internationales sur les droits de l’homme. “Le Sénégal s’expose à des poursuites devant les instances des droits de l’homme, notamment la Cour de la Cédéao, s’il ne respecte pas ses obligations,” a-t-il prévenu.
Il espère qu’une décision de principe sera prise pour affirmer qu’un ressortissant de la Cédéao ne peut être en séjour irrégulier dans l’espace communautaire. “Il est temps que les États membres de la Cédéao respectent leurs engagements en matière de protection des réfugiés et des droits humains,” a-t-il conclu.