Guayaquil en crise : près de 200 corps en décomposition dans la plus grande ville d’Équateur
En Équateur, le début de la pandémie de Covid-19 avait révélé des images choquantes de corps abandonnés ou brûlés dans les rues de Guayaquil, la plus grande ville du pays, en raison de la surcharge de la morgue locale. Aujourd’hui, un problème similaire se pose avec les victimes de la violence urbaine.
Situation actuelle à Guayaquil, 13 juin 2024
Contrairement à la crise provoquée par le Covid-19, les raisons de cette nouvelle situation sont différentes. De nombreux cadavres, souvent non identifiés, se décomposent dans la ville, certains depuis plus de deux mois. Les autorités n’ont pas fourni de chiffres exacts, mais les médias estiment à environ 200 le nombre de corps concernés.
Contexte de violence accrue
Depuis janvier, une guerre contre 22 groupes de délinquance organisée, désormais classés comme terroristes par le gouvernement, a intensifié la violence, causant de nombreuses victimes. Beaucoup de ces corps restent non réclamés à la morgue, en raison de l’incapacité des familles à les identifier ou du refus de récupérer les cadavres, souvent liés aux gangs.
Délais dans les analyses médico-légales
Les médecins légistes sont submergés par le nombre de corps et ne peuvent effectuer toutes les analyses nécessaires, y compris les tests ADN obligatoires, avant de remettre les corps aux familles. Ce processus est long, et certaines familles attendent depuis plus de deux mois pour enterrer leurs proches.
Défaillance des équipements réfrigérés
Les corps se décomposent parce que les conteneurs réfrigérés, installés pour gérer l’excès de dépouilles, sont défectueux. Deux conteneurs ont été endommagés à la suite de coupures de courant en avril, causées par un manque de pluie. L’un des conteneurs n’a toujours pas été réparé, provoquant la décomposition des corps qu’il contenait.
Réactions et critiques de la population
Avec les températures élevées à Guayaquil, les odeurs de décomposition sont insupportables pour les habitants. Des images de drones montrent des travailleurs de la morgue en tenues de sécurité désinfectant un conteneur et transportant des corps dans des sacs en plastique, des scènes rappelant les pires moments de la pandémie.
Les critiques fusent contre les autorités, accusées de négligence. Des ONG comme le Comité permanent pour la défense des droits de l’homme soulignent que l’Équateur, premier exportateur mondial de bananes, dispose de nombreux conteneurs réfrigérés dans ses ports, qui pourraient être utilisés pour la morgue.
Impact de la violence persistante
Cette situation met en lumière l’ampleur de la violence en Équateur, devenu l’un des pays les plus violents du continent avec un taux d’homicide de 47 pour 100 000 habitants. La guerre contre les gangs est loin d’être terminée, en dépit des messages optimistes du gouvernement.