L’armée française continuera à opérer au Tchad, a déclaré jeudi l’envoyé spécial du président Emmanuel Macron pour l’Afrique, Jean-Marie Bockel.
Cette annonce intervient alors que la France réduit sa présence militaire au Sahel après une série de coups d’État dans la région.
« Il faut rester et bien sûr nous resterons », a déclaré M. Bockel à la presse après un entretien avec le président du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno. « Le président Macron m’a demandé de travailler avec N’Djamena à une adaptation, à une évolution de notre dispositif de manière à mieux l’adapter aux enjeux militaires et sécuritaires de la région. »
Le Tchad est un allié important de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le pays abrite la base aérienne française de N’Djamena, qui est un élément central de l’opération Barkhane.
La présence militaire française au Tchad a été controversée ces dernières années. Certains critiques accusent la France de soutenir un régime autoritaire et de ne pas faire assez pour promouvoir la démocratie et les droits humains.
M. Bockel a cependant salué le « processus » de transition en cours au Tchad et a exprimé son « admiration » pour les forces armées tchadiennes.
« J’ai exprimé au président de la République à la fois notre admiration pour le processus qu’il a engagé au sein de son pays, également pour la capacité du Tchad à faire face en même temps à un certain nombre de menaces grâce à des forces armées engagées », a-t-il déclaré.
L’ombre de Yaya Dillo Djérou
La déclaration de M. Bockel intervient quelques jours après la mort de Yaya Dillo Djérou, un important leader de l’opposition tchadienne. M. Djérou a été tué lors d’un raid des forces de sécurité sur son domicile.
L’opposition accuse le gouvernement d’avoir assassiné M. Djérou pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle prévue en avril prochain. Le gouvernement a démenti ces accusations.
La mort de M. Djérou a jeté un doute sur la crédibilité du processus de transition au Tchad. Les organisations de défense des droits humains appellent la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement tchadien pour qu’il organise des élections libres et transparentes.
L’avenir de la présence française au Tchad
La décision de la France de maintenir sa présence militaire au Tchad est susceptible de susciter des critiques. Certains observateurs estiment que la France devrait conditionner son soutien au Tchad à des progrès concrets en matière de démocratie et de droits humains.
Le maintien de la présence française au Tchad est également un enjeu important pour la sécurité du Sahel. Le Tchad est un pays enclavé et sa stabilité est essentielle pour empêcher la propagation du terrorisme dans la région.
La France et le Tchad doivent maintenant négocier les détails de la future présence militaire française. Les deux pays doivent trouver un équilibre entre les besoins sécuritaires du Tchad et les aspirations démocratiques de sa population.