L’autoroute Abidjan-Lagos : Un corridor économique en pleine gestation
Le projet ambitieux de construction de l’autoroute transnationale Abidjan-Lagos progresse avec des étapes décisives franchies. Cet axe stratégique de 1028 kilomètres reliera la Côte d’Ivoire au Nigeria en passant par le Ghana, le Togo et le Bénin.
Prévue pour être achevée d’ici 2030, cette infrastructure promet d’être un moteur de développement économique et industriel pour l’Afrique de l’Ouest. Avec le soutien de la Banque africaine de développement (BAD) via son Initiative de développement spatial, les travaux devraient débuter en 2026 pour une durée estimée à quatre ans, selon les récentes annonces faites lors d’un atelier virtuel organisé par la banque.
Un projet structurant pour l’économie régionale
Mike Salawou, directeur du Département des infrastructures et du développement urbain de la BAD, a détaillé les avancées : les études de faisabilité, les options de financement et la mise en place de l’Autorité de gestion du corridor Abidjan-Lagos sont en bonne voie.
« Ce corridor ne sera pas seulement un axe de transport, mais un véritable corridor économique permettant une industrialisation transformatrice et le développement de pôles économiques majeurs », a affirmé Mike Salawou.
Un rapport élaboré dans le cadre de l’Initiative de développement spatial a identifié 206 interventions spécifiques à réaliser le long de l’autoroute, nécessitant un investissement initial de 6,8 milliards de dollars US, principalement financé par le secteur privé. Ces interventions couvriront des secteurs variés comme l’énergie (incluant les renouvelables), les transports, l’agriculture, les TIC, le tourisme, ainsi que l’aménagement de zones économiques spéciales.
Un vecteur d’intégration régionale
Chris Appiah, directeur des Transports à la CEDEAO, a souligné l’importance de ce projet pour l’intégration régionale.
« L’autoroute Abidjan-Lagos s’inscrit pleinement dans notre agenda visant à construire une union économique solide dans la région. »
Le tracé débutera à Bingerville, en Côte d’Ivoire, et se terminera au Théâtre national de Lagos, au Nigeria. Il inclura 144 kilomètres d’asphalte en Côte d’Ivoire, 520 kilomètres au Ghana, 90 kilomètres au Togo, 127 kilomètres au Bénin, et 82 kilomètres au Nigeria. En outre, 63 échangeurs seront construits pour faciliter la circulation.
L’autoroute, prévue comme une voie à péage, comportera entre quatre et six voies, avec des sections allant jusqu’à huit voies dans la région de Lagos. Soutenu par l’African Investment Forum, ce projet a déjà suscité 15,6 milliards de dollars d’engagements d’investissement en 2021 et devrait générer environ 70 000 emplois directs et indirects, selon la BAD.
Connecter les arrière-pays et stimuler le commerce régional
Au-delà de sa fonction principale, l’autoroute Abidjan-Lagos sera reliée à d’autres corridors de transport ouest-africains, notamment routiers, ferroviaires et aéroportuaires. Elle facilitera l’accès des arrière-pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger aux huit ports maritimes de la région, tout en se connectant au corridor Abidjan-Dakar-Praia.
Lydie Ehouman, économiste des transports à la BAD, a précisé que cette infrastructure jouera un rôle clé dans la dynamisation des échanges commerciaux et l’amélioration de la connectivité dans la région.
ODL/Sf/ac/APA