Le Tchad pourrait intégrer l’AES
Analyse du retrait de la CEDEAO
Selon Niagalé Bagayoko, docteur en Sciences politiques, le Tchad pourrait être le seul pays à rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans une interview à Radio France Internationale, Bagayoko, experte en sécurité en Afrique de l’Ouest et Centrale, a discuté des répercussions des sommets de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’AES.
Les motivations du retrait des États sahéliens
Bagayoko a analysé la décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger de quitter la CEDEAO comme une affirmation de souverainisme et de coopération régionale, notant leur lien historique à travers l’Autorité pour le développement intégré du Liptako-Gourma. Elle a souligné que cette séparation marque une rupture progressive avec la CEDEAO, initiée par la création du G5 Sahel.
Conséquences sur la sécurité régionale
Selon Bagayoko, le désaccord principal réside dans la perception de l’inefficacité de la CEDEAO en matière de lutte contre le terrorisme par les États sahéliens. Elle rappelle les tentatives passées de la CEDEAO pour déployer des forces, notamment avec la mission Misma en 2013, et les critiques sur la non-implémentation d’un plan de 500 millions de dollars pour combattre le terrorisme.
Réactions au sein de la CEDEAO
Le retrait des États sahéliens a suscité une grande inquiétude parmi les membres de la CEDEAO, particulièrement en raison de l’impact potentiel sur les dispositifs économiques, comme la circulation des biens et des personnes. Bagayoko a noté l’importance historique de ces pays dans la fondation de la CEDEAO, marquant une divergence notable sur les questions sécuritaires.
Perspectives d’adhésion à l’AES
Bagayoko a mentionné que le Tchad et le Togo avaient participé à des exercices militaires avec les États de l’AES. Elle a toutefois souligné que cette nouvelle affiliation ne nécessiterait pas nécessairement un retrait d’autres organisations, mais pourrait complexifier davantage le paysage institutionnel ouest-africain.
Autres pays potentiellement intéressés
Bagayoko voit le Tchad comme le candidat le plus probable pour rejoindre l’AES, bien qu’elle n’exclue pas la Mauritanie, malgré ses relations tendues avec le Mali. Selon elle, d’autres pays pourraient chercher à maintenir des liens étroits avec la CEDEAO tout en développant des relations avec l’AES.
Efforts de médiation
Bagayoko a évoqué les efforts de médiation du président togolais Faure Gnassingbé Eyadéma, bien que ces tentatives n’aient pas encore porté leurs fruits. Elle a également souligné l’importance de l’engagement de Bassirou Diomaye Faye, Premier ministre sénégalais, dont le gouvernement se réclame du panafricanisme. Cette nouvelle dynamique pourrait offrir des solutions innovantes pour la coopération régionale en Afrique de l’Ouest.