Suite à l’adoption d’une loi par le Congrès américain le mardi 23 avril, le sort du réseau social TikTok aux États-Unis semble incertain.
La loi exige que la plateforme se sépare de sa société mère chinoise, ByteDance, sinon elle risque l’interdiction dans le pays. Dans ce contexte de tensions, Antony Blinken a commencé sa visite en Chine mercredi dernier.
La très populaire plateforme TikTok pourrait disparaître des États-Unis dans un délai d’un an. Le Sénat américain a adopté mardi 23 avril une loi obligeant TikTok à rompre ses liens avec ByteDance, et plus largement avec la Chine, sous peine d’interdiction dans le pays. Cette loi, attendue d’être signée par le président Joe Biden ce mercredi, avait déjà été approuvée par la Chambre des représentants le samedi précédent. Cette action des législateurs américains s’inscrit dans le cadre de plusieurs initiatives, dont l’assistance à l’Ukraine, Israël et Taiwan.
Une fois signée, la loi accordera neuf mois à TikTok, avec une possible extension de trois mois, pour se dissocier de ByteDance. En cas de non-conformité, TikTok risque d’être retiré des magasins d’applications Apple et Google aux États-Unis. Cependant, l’application de la loi devrait prendre plusieurs années, ce qui peut rassurer les 170 millions d’utilisateurs américains, notamment les nombreux influenceurs. ByteDance a déjà annoncé son opposition à toute contrainte de vente de TikTok. Une bataille judiciaire, potentiellement jusqu’à la Cour suprême, pourrait retarder le processus. TikTok avait récemment déclaré qu’une telle loi violerait la liberté d’expression et aurait des conséquences désastreuses sur les entreprises, fermant une plateforme qui contribue à hauteur de 24 milliards de dollars à l’économie américaine chaque année.
Lors d’un échange avec le président chinois Xi Jinping le 2 avril, le président américain Joe Biden avait exprimé ses préoccupations concernant TikTok. Outre les risques d’addiction chez les jeunes, les États-Unis accusent TikTok de permettre à la Chine d’espionner ses utilisateurs. Dans une interview à NBC News publiée mardi, le directeur du FBI, Christopher Wray, a affirmé que TikTok « a des obligations envers le gouvernement chinois » et qu’il était « particulièrement préoccupé par les risques que pose TikTok, étant donné la stratégie bien connue de la Chine ». Avec les inquiétudes croissantes concernant l’espionnage en Europe également, plusieurs pays se sont joints aux États-Unis pour exprimer leurs préoccupations à propos de TikTok.
L’adoption de cette loi par le Congrès pourrait compliquer la visite en Chine d’Antony Blinken, qui entame sa deuxième visite en moins d’un an. Le secrétaire d’État américain a commencé une visite de trois jours ce mercredi. Malgré un léger réchauffement des relations bilatérales au cours de l’année écoulée, les États-Unis cherchent à accroître la pression sur Pékin tout en maintenant une certaine stabilité. Mercredi, Blinken a assisté à un match de basketball à Shanghai pour détendre l’atmosphère.
Dès jeudi, Antony Blinken abordera les questions commerciales et l’aide américaine à Taiwan. La Chine a averti que le soutien militaire américain à Taiwan augmentait le « risque de conflit » et a menacé de prendre des mesures pour protéger sa souveraineté, sa sécurité et son intégrité territoriale. La Chine et la Russie se rapprochant ces dernières années, cette évolution sera également discutée. Blinken a déclaré vendredi après une réunion du G7 en Italie que « si Pékin souhaite des relations amicales avec l’Europe et d’autres pays, elle ne peut pas simultanément nourrir la plus grande menace contre la sécurité européenne depuis la fin de la guerre froide ». TikTok risque donc de s’ajouter à une liste déjà longue de sujets de discussion.