Le mystère de la pose égyptienne décrypté
Un bras tendu devant, l’autre derrière, et un œil central… L’art égyptien est reconnu pour son originalité, principalement en raison de croyances spécifiques. Mais que révèle l’histoire de l’art égyptien ?
Qui n’a jamais essayé, le temps d’une photo, de reproduire une pose égyptienne, contorsionnant bras et jambes pour imiter une peinture antique ? Ces fresques, datant de plusieurs millénaires, captivent autant par leur richesse visuelle que par l’étrangeté qu’elles dégagent. Les Égyptiens de l’époque des hiéroglyphes avaient mis au point une manière unique de représenter le corps, différente de nos conceptions modernes de l’art et de l’image.
La signification des représentations humaines dans l’Égypte antique
Pour comprendre pourquoi les Égyptiens de l’Antiquité standardisaient les représentations de profil, il faut saisir ce que ces images sur fresques et bas-reliefs signifiaient pour eux. À cette époque, la perspective telle que nous la connaissons n’était pas encore développée. L’égyptologue allemande Emma Tanner-Braut a d’ailleurs créé le terme “aspectivité” pour décrire le concept de perspective propre aux Égyptiens, opposé à notre notion moderne de perspective. Cette “aspectivité” explique pourquoi ces images semblent étranges à nos yeux contemporains.
Pourquoi les pharaons étaient-ils peints de profil ?
Cette représentation de profil des personnages, que ce soit le visage ou le corps, obéit également à des conceptions religieuses. Les croyances de l’Égypte antique, avec leur accent sur la réincarnation et les cycles naturels, nécessitaient que l’image offre une représentation aussi complète que possible du corps humain. Une représentation en deux dimensions devait ainsi inclure tous les membres d’un corps en trois dimensions. Ce mode de représentation suggérait le mouvement et devait incorporer tous les membres du corps. Par superstition, une image complète permettait une réincarnation complète, tandis qu’une image incomplète pouvait entraîner la perte d’un membre dans la prochaine vie.
Était-ce toujours le cas ?
L’art égyptien visait à condenser chaque perspective en une image plate, conduisant à une normalisation extrême. Les égyptologues ont découvert des grilles de dessin préliminaires, aidant les artistes à gérer les proportions de leurs œuvres. Cependant, cette exhaustivité n’était pas absolue : par exemple, les bras, jambes et pieds étaient peints de profil, tandis que les yeux et torses étaient souvent peints de face. Les yeux étaient particulièrement dessinés de face pour indiquer la direction du regard ou s’ils étaient ouverts ou fermés. Ce mélange unique définit l'”aspectivité” caractéristique du style égyptien.