Deux soldats congolais ont été condamnés à mort ce vendredi 5 juillet pour « lâcheté » et « fuite devant l’ennemi ». Ces condamnations surviennent deux jours après que 25 autres militaires ont reçu des peines similaires dans l’est de la République démocratique du Congo, selon un journaliste de l’AFP.
Ces procès se déroulent dans un contexte de conflit intense où la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, a récemment pris le contrôle de nouvelles localités dans le Nord-Kivu, un front en guerre depuis deux ans et demi. Depuis fin 2021, cette rébellion a pris possession de vastes zones de la province, entourant presque entièrement Goma, son chef-lieu.
La capitaine Mélissa Kahambu Muhasa, représentante du ministère public, a déclaré à l’AFP que ces audiences ont un caractère « dissuasif et pédagogique ». Elles visent à prévenir les désertions sur les lignes de front, qu’elle qualifie de « fléau ».
Après une audience foraine publique tenue mercredi dans le village d’Alimbongo, le tribunal militaire de garnison de Butembo a poursuivi ses sessions jeudi à Lubero, à environ 70 km de là. Une trentaine de militaires, dont au moins trois capitaines, y sont jugés pour divers chefs d’accusation tels que « lâcheté », « fuite devant l’ennemi », « dissipation de munitions de guerre », « violation des consignes », meurtre, vol, pillage et extorsion.
Le tribunal a prononcé deux peines de mort ce vendredi, concernant un soldat de deuxième classe et un caporal, et prévoit de poursuivre l’examen des autres cas ce samedi. La défense des condamnés a annoncé son intention de faire appel, comme elle l’avait fait mercredi après la condamnation à mort de 25 militaires, dont deux capitaines.
En mai, huit militaires avaient déjà été condamnés à la peine capitale à Goma pour « fuite devant l’ennemi ». Kinshasa a décidé en mars de lever un moratoire sur l’exécution de la peine de mort qui était en vigueur depuis plus de 20 ans en RDC. Selon le gouvernement, cette mesure, vivement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme, cible principalement les militaires accusés de trahison.
« Ces audiences ne me satisfont pas », a commenté Germain Musavuli, un habitant de Lubero venu assister au procès. « Il faut renvoyer ces militaires au front plutôt que de les condamner », a-t-il estimé. Selon lui, le fait que les soldats fuient et pillent les populations « montre que le gouvernement ne les prend pas bien en charge ».
Sources:
● AFP