Les gendarmes sénégalais ont dispersé à coups de gaz lacrymogène un rassemblement de protestation devant l’Assemblée nationale à Dakar ce lundi, avant l’ouverture d’un débat crucial sur le report de la présidentielle.
Le Sénégal, connu pour sa stabilité en Afrique de l’Ouest, est en proie à de vives tensions depuis que le président Macky Sall a annoncé samedi le report du scrutin initialement prévu le 25 février. Cette décision inédite depuis l’indépendance a été qualifiée de “coup d’Etat constitutionnel” par l’opposition et a provoqué des manifestations et des interpellations.
Internet coupé, tensions accrues
L’accès à internet mobile a été coupé dans plusieurs quartiers de Dakar, accentuant les tensions dans la capitale. Le gouvernement avait déjà eu recours à cette mesure en 2023 lors d’une crise politique.
L’Assemblée nationale doit débattre d’une proposition de loi constitutionnelle reportant le scrutin de six mois maximum. L’approbation requiert une majorité des trois cinquièmes des députés, ce qui n’est pas garanti. Le vote est prévu dans la journée et, quelle que soit son issue, la situation reste volatile.
Manifestations et accusations
L’opposition a appelé à manifester devant l’Assemblée nationale, protégée par un important dispositif de sécurité. Les forces de l’ordre ont dispersé un groupe de protestataires qui scandaient des slogans hostiles au président Sall.
Malick Diouf, un manifestant sans candidat préféré, a déclaré à l’AFP: “L’essentiel est de dire non à cet agenda politique, ce coup de force pour essayer de rester au pouvoir.”
Inquiétudes nationales et internationales
Ce report de la présidentielle est une première depuis 1963 au Sénégal, un pays qui n’a jamais connu de coup d’Etat. Cette situation inédite a suscité l’inquiétude de la communauté internationale, notamment de la CEDEAO, des États-Unis, de l’Union européenne et de la France.
Le président de la Commission de l’Union africaine a appelé les Sénégalais à régler leur différend par le dialogue et a demandé aux autorités d’organiser les élections “dans les meilleurs délais”.