WikiLeaks : Assange gagne la procédure d’appel de l’extradition vers les États-Unis au Royaume-Uni
Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, gagne son procès en appel contre son extradition vers les Etats-Unis
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a gagné lundi sa tentative de faire appel d’une décision d’un tribunal britannique qui avait approuvé son extradition vers les Etats-Unis pour y être jugé pour violation des lois sur la sécurité nationale.
Deux juges de la Haute Cour de Londres ont autorisé Julian Assange à faire appel, après avoir demandé à Washington de fournir des “garanties satisfaisantes” concernant la protection de la liberté d’expression lors d’un éventuel procès aux États-Unis.
Ces arguments ont été présentés lors d’une audience lundi, à laquelle l’Australien de 52 ans n’a pas assisté.
M. Assange est recherché par Washington pour avoir publié des centaines de milliers de documents secrets américains à partir de 2010 en tant que directeur du site web de dénonciation WikiLeaks.
S’il avait perdu l’audience de lundi, M. Assange, qui est devenu une figure de proue pour les défenseurs de la liberté d’expression, aurait pu être rapidement extradé après une bataille juridique de cinq ans.
Au lieu de cela, il devra faire face à une nouvelle bataille judiciaire dans sa longue saga juridique, après que le gouvernement britannique a approuvé son extradition en juin 2022.
L’épouse de M. Assange, Stella, a déclaré à l’extérieur du tribunal que la décision “marque un tournant” et que “nous sommes soulagés en tant que famille que le tribunal ait pris la bonne décision”.
“Tout le monde peut voir ce qui doit être fait ici. Julian doit être libéré”, a-t-elle ajouté.
L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a qualifié la décision de “rare nouvelle positive pour Julian Assange et tous les défenseurs de la liberté de la presse”.
“La tentative des États-Unis de poursuivre Julian Assange met en péril la liberté des médias dans le monde entier. Elle ridiculise les obligations des États-Unis en vertu du droit international et leur engagement déclaré en faveur de la liberté d’expression”, a déclaré Simon Crowther, conseiller juridique d’Amnesty.
Dans ses observations écrites en vue de l’audience, Edward Fitzgerald, qui représente M. Assange, a qualifié de “sans ambiguïté” les assurances du gouvernement américain selon lesquelles M. Assange ne serait pas condamné à la peine de mort.
Il s’est toutefois demandé si son client pouvait invoquer le premier amendement de la Constitution américaine, qui couvre la liberté d’expression et la liberté de la presse, lors du procès.
James Lewis, représentant le gouvernement américain, a déclaré au tribunal que la conduite de M. Assange n’était “tout simplement pas protégée” par le premier amendement.
Celui-ci ne s’applique à personne “en ce qui concerne la publication d’informations sur la défense nationale obtenues illégalement et donnant les noms de sources innocentes qui risquent de subir un préjudice grave et imminent”, a-t-il fait valoir.
Des dizaines de partisans de M. Assange se sont rassemblés devant la Cour royale de justice dans le centre de Londres tôt lundi, beaucoup portant des T-shirts à l’effigie de M. Assange, et ont applaudi lorsque la nouvelle de la décision a filtré.
“La vie de cet homme est en jeu”, a déclaré à l’AFP la sculptrice Jenny West, 83 ans. “Il représente tous les autres journalistes, c’est une situation humanitaire urgente”, a-t-elle ajouté.
L’affaire “truquée”, selon le rédacteur en chef de WikiLeaks
M. Assange est détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres depuis avril 2019.
Il a été arrêté après avoir passé sept ans terré dans l’ambassade de l’Équateur à Londres pour éviter l’extradition vers la Suède, où il a fait face à des accusations d’agression sexuelle qui ont finalement été abandonnées.
Les autorités américaines veulent juger M. Assange pour avoir divulgué des secrets militaires américains concernant les guerres en Irak et en Afghanistan.
Il est accusé d’avoir publié, à partir de 2010, quelque 700 000 documents confidentiels relatifs aux activités militaires et diplomatiques des États-Unis.
Les États-Unis ont accusé M. Assange en vertu de la loi sur l’espionnage de 1917, ce qui, selon ses partisans, pourrait lui valoir une peine de 175 ans d’emprisonnement.
Les tribunaux britanniques ont approuvé la demande d’extradition après que les États-Unis ont promis que M. Assange n’irait pas dans leur prison la plus extrême, “ADX Florence”, ni ne serait soumis au régime sévère connu sous le nom de “mesures administratives spéciales”.
Ses partisans ont critiqué les procédures judiciaires dont il a fait l’objet.
“Il est tout à fait clair que la procédure devant le tribunal du Royaume-Uni est corrompue. L’affaire est truquée contre Julian”, a déclaré mercredi dernier à la presse Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de WikiLeaks.
Les partisans de Julian Assange affirment que sa santé est fragile et le Conseil de l’Europe a exprimé cette semaine son inquiétude quant à son traitement.
Les États-Unis ont inculpé M. Assange à plusieurs reprises entre 2018 et 2020, mais le président Joe Biden a subi des pressions nationales et internationales pour abandonner les poursuites engagées sous son prédécesseur Donald Trump.
Joe Biden a indiqué récemment que les États-Unis étudiaient une demande australienne d’abandon des poursuites.
(AFP)