Burkina Faso : Les « veilleurs » d’Ibrahim Traoré demandent le déménagement de l’ambassade de France
La Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC) exige que la chancellerie française quitte ses locaux actuels, à proximité de la présidence burkinabè, dans un délai d’un mois.
Alors que l’activiste Kemi Seba est invité pour une « visite officielle » au Burkina Faso, incluant un meeting panafricaniste et une rencontre avec le président Ibrahim Traoré, son discours « anti-politique française » gagne en popularité parmi les partisans de Traoré. Lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 5 juin, la CNAVC a demandé à l’ambassade de France de déménager d’ici un mois.
Demande de délocalisation
La CNAVC ne cherche pas à fermer les services administratifs français comme au Niger, mais à éloigner l’ambassade de France du centre-ville de Ouagadougou. Selon la Coordination, la proximité géographique de l’ambassade avec la présidence représente une menace pour la sécurité des autorités de transition. Cette proximité était courante dans de nombreux pays de l’ancien pré carré français en Afrique, mais avait été remise en question au Burkina Faso depuis 2022.
Contexte historique
Sous la présidence de Blaise Compaoré, la présidence burkinabè avait été déplacée au palais de Kosyam, loin des embouteillages du centre-ville. En 2022, le nouvel homme fort de la junte, Ibrahim Traoré, avait réintégré la primature proche de l’ambassade de France, transformant celle-ci en sa nouvelle présidence. Cette ambassade a été prise pour cible lors du coup d’État de Traoré, avec des manifestants lançant des cocktails molotov. Depuis, aucun ambassadeur n’a officiellement remplacé Luc Hallade, et plusieurs diplomates français ont été expulsés.
Tensions franco-burkinabè et critiques envers l’ONU
La CNAVC, au cœur du mouvement « patriote » autoproclamé, utilise fréquemment un langage compatible avec la « communication de guerre » prônée par le régime, qui a récemment prolongé son mandat de cinq ans. En avril, la Coordination a réaffirmé son soutien à la transition et critiqué les « renégats de la nation ». En mai, elle a organisé un « meeting populaire » malgré l’interdiction des événements politiques publics par l’État.
Lors de la dernière conférence de presse, la CNAVC a également rejeté les récentes déclarations des Nations unies, notamment celles du haut-commissaire aux droits de l’Homme, appelant à une « enquête indépendante et transparente » sur des violations présumées des droits humains au Burkina Faso. La Coordination a dénoncé des attitudes discriminatoires et méprisantes de la part de l’Occident.