Les prochains jours en Guinée Conakry promettent d’être très tendus, et ce, au regard du bras de fer que se livrent les autorités de la Transition et les professionnels de médias.
En effet, après l’expiration de son ultimatum contre le brouillage des médias et le blocage de l’accès à internet, le Syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG) a décidé de passer à une étape supérieure de sa lutte pour la liberté de la presse. Il a, de ce fait, appelé à une manifestation prévue pour se dérouler le 18 janvier 2024.
Sans surprise, la Transition dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, à qui il est reproché de museler la presse, ne l’entend pas de cette oreille. Dans un communiqué publié le 9 janvier, le ministère de la Communication a condamné l’appel à manifester du SPPG, qu’il a qualifié de « provocation ».
« Nous condamnons fermement l’appel à manifester lancé par le SPPG, qui n’est qu’une provocation », a déclaré le porte-parole du ministère, Souleymane Diallo. « Nous appelons les populations à faire preuve de vigilance et à ne pas se laisser manipuler par des individus qui ne cherchent qu’à créer le désordre », a-t-il ajouté.
Que gagne la junte en adoptant une telle politique ?
On peut se demander ce que la junte guinéenne gagne à s’engager dans un bras de fer avec la presse. La liberté de la presse est un droit fondamental, et son restriction est un coup porté à la démocratie.
En muselant la presse, la junte se prive d’un outil indispensable pour communiquer avec la population et pour se rendre compte de l’opinion publique. Elle s’expose également à des critiques légitimes, qu’elle ne peut plus contrôler.
Du reste, on comprend aisément la position du Syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée. Dans un régime militaire où les détenteurs du pouvoir ne gouvernent que par la force, le courage affiché des professionnels des médias, est à saluer.
Cela dit, avec la détermination dont fait montre chaque camp, que va-t-il se passer ? On aura peut-être la réponse le 18 janvier prochain, si entre-temps, les positions tranchées ne connaissent pas d’évolution positive.
La crainte est que le régime militaire, se croyant tout puissant, ne multiplie les intimidations plutôt que de jouer balle à terre.
Une issue pacifique est encore possible, mais elle nécessitera de la part des deux parties une volonté de dialogue et de compromis.