Le Burkina Faso s’apprête à retirer le statut de langue officielle unique au français, héritage de la colonisation. C’est ce que prévoit le projet de révision constitutionnelle adopté le 6 décembre par le gouvernement burkinabè.
La réforme entend “institutionnaliser” les langues nationales du pays comme seules langues officielles. Le mooré, le dioula, le fulfuldé ou encore le bwamu pourraient ainsi devenir les idiomes de référence, utilisés par l’administration et dans l’enseignement.
Un choix politique fort de la part des autorités de transition pour marquer une forme d'”émancipation culturelle” et se défaire de l’influence française, de plus en plus controversée depuis le putsch de janvier 2022.
“Cette réforme est un symbole fort de notre volonté de construire une nation burkinabè authentique, fondée sur la diversité de nos cultures”, a déclaré le président de la transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Reste à savoir si cette marginalisation constitutionnelle du français, parlé par près de 40% de la population du Burkina Faso, sera maintenue sur le long terme. Ou si elle relève davantage d’un message symbolique à l’attention de Paris.
Quoi qu’il en soit, elle traduit la défiance actuelle du Burkina envers l’ancien colonisateur. Et fragilise un peu plus encore le statut du français en Afrique de l’Ouest.