Côte d’Ivoire : L’ex-patron de la cellule anti-drogue du port d’Abidjan condamné à 5 ans pour détournement d’une partie de saisie de cocaïne

Côte d’Ivoire : L’ex-patron de la cellule anti-drogue du port d’Abidjan condamné à 5 ans pour détournement d’une partie de saisie de cocaïne
L’ancien commandant de la cellule anti-drogue du port autonome d’Abidjan, Armand Agnin Angbonon, a été condamné à cinq ans de prison ferme, mercredi 5 mars, pour détournement d’une partie d’une saisie record de cocaïne. Deux autres officiers de gendarmerie, dont son frère, ont également écopé de la même peine. Cette affaire, qui a défrayé la chronique, met en lumière les pratiques illégales au sein des forces de l’ordre chargées de la lutte contre le narcotrafic.
Une affaire qui remonte à 2021
L’affaire prend racine en février 2021, lorsque les forces de l’ordre ivoiriennes interceptent une cargaison de 1,56 tonne de cocaïne brute, d’une valeur estimée à 25 milliards de francs CFA (environ 38 millions d’euros). Cependant, une enquête ultérieure révèle qu’une partie de cette saisie, soit environ 220 kg, aurait été détournée par le commandant Armand Agnin Angbonon et ses complices. Ces derniers étaient accusés de revendre la drogue sur le marché noir, profitant de leur position pour orchestrer un trafic parallèle.
L’arrestation d’un petit dealer qui fait basculer l’affaire
En juillet 2022, l’arrestation d’un petit dealer de drogue, surnommé « Abou », marque un tournant décisif. Lors de sa garde à vue, ce dernier révèle être un indicateur de la cellule anti-drogue du port d’Abidjan. Il accuse également les gendarmes de lui avoir confié la mission de revendre une partie de la cocaïne saisie. Ces déclarations déclenchent une enquête approfondie, qui aboutit à l’inculpation de plusieurs membres des forces de l’ordre, dont Armand Agnin Angbonon.
Un procès à huis clos et des verdicts contrastés
Le procès, qui s’est déroulé à huis clos, a abouti à la condamnation de trois officiers, dont l’ancien commandant de la cellule anti-drogue. Six autres gendarmes, initialement poursuivis pour complicité, ont été relaxés. Leur avocat, Me Jean Serge Gbougnon, a souligné que ces derniers n’avaient fait qu’exécuter les ordres de leur supérieur et n’avaient pas participé au détournement. « Ils ont passé deux ans en détention pour rien », a-t-il déploré.
Une affaire parmi d’autres
Cette condamnation intervient dans un contexte où la Côte d’Ivoire fait face à une recrudescence des trafics de drogue. En 2022, plus de 2 tonnes de cocaïne avaient été saisies à Abidjan et San Pedro, conduisant à l’arrestation d’une trentaine de suspects. Parmi eux, le chef de la police de San Pedro, condamné à dix ans de prison. Ces affaires mettent en lumière les défis auxquels le pays est confronté dans sa lutte contre le narcotrafic, notamment la corruption au sein des institutions chargées de l’appliquer.
Une peine symbolique
La condamnation d’Armand Agnin Angbonon et de ses complices est perçue comme un signal fort envoyé par les autorités ivoiriennes. Elle démontre une volonté de lutter contre l’impunité, même au sein des forces de l’ordre. Cependant, cette affaire soulève également des questions sur l’efficacité des mécanismes de contrôle et de transparence dans la gestion des saisies de drogue.
Avec cette décision de justice, la Côte d’Ivoire espère renforcer la confiance du public dans ses institutions et dissuader d’éventuels actes de corruption dans la lutte contre le narcotrafic.